mardi 30 juin 2009

Crevasses.

Crevasses.

Une seringue a percé le coeur du doute
Injection de vide dans une vie sans fond
L'absence au monde comme ultime redoute
D'un plaisir impuissant à jouir pour de bon

Le temps glisse sur un glacier froid souvenir
Où les chutes en crevasses sont un bonheur
Flou d'illuminations noires à se mentir
A l'ombre du manque de l'attache à la peur

Chercher à sentir ce qui ne se goûte plus
A l'effacement d'un corps mort pesant d'histoire'
La douleur se refuse aux descentes de rue
Où rien n'est donné où l'on paye pour se voir

Lécher le sang séché de larmes de visions
D'amours avortées aux naïves croyances
D'être certain de n'être rien aux confusions
D'une main gifle molle de désespérance

L'amour s'infuse en acide pénétration
D'un mélange chaud de pied de nez à la mort
Il passe des couleurs aux reflets d'abandon
Over dose au coin de rue un homme hors son corps

Voyage déjà aux affres du non retour
L'esprit libre du poids de ses douleurs sourdes
Rencontre de l'oubli des rêves sans amour
La ville alentour trouve la chaleur lourde.


Jean-Marc BUTTIN

dimanche 28 juin 2009

A l'Absente

A l'Absente

Le jour décline
Et je m'incline
La fumée de ma bouche s'envole
Et mes pensées deviennent folles
Je vois trembler les arbres
Ils ont peur de l'orage
Je vois trembler mon âme
Et j'ai peur du naufrage

L'absence est lourde
L'absence me noie
L'absence me brûle
L'absence c'est froid

Ton image s'atténue
Comment la retenir
L'univers obtus
M'écarte de l'avenir
Je vois couler ma peine
Elle a peur de mon sang
Je vois s'ouvrir mes veines
Et s'envoler le temps

Survivre encore à ton silence
Il pleut dehors, c'est ça l'absence
Mon coeur s'emballe
Je n'existe déjà plus
Et mes pétales
Sur la neige sont nus

L'absence est lourde
L'absence me noie
L'absence me brûle
L'absence c'est froid

Le vent t'entraîne
Trop loin déjà
L'absence me tue
L'absente c'est toi


Marie VOSS

Ne bouge pas

Ne bouge pas

Je te raconte un monde enneigé
Glacial
Pitoyable et pathétique
Totalement ignifugé
Débordant d’amour platonique

Les passions charnelles
Comme les oiseaux
Depuis longtemps
L'ont déserté

Regarde
Le soleil ce soir
Vient de tomber
Si violemment
Sur l'horizon
Qu’il a volé en éclats

Jacques HERMAN

samedi 27 juin 2009

Chagrin d'amour

Chagrin d'amour

Dans le chagrin d'amour
La pluie des yeux rouges
Les arbres qui bougent
La morsure pour toujours

La gaité, la beauté
Changent l'hiver en été
Oiseaux des quatre vents
Coulent dans les larmes de la mer

Voici venus les temps amères
Des lumières de l'hiver
Solitudes des rivières de diamants
Allaitement des nuits passagères

La parure de l'hiver
C'est le moment fier
Du renouveau élémentaire
Pour ne pas mourir en mer

Rasib NICOSI

vendredi 26 juin 2009

Poèmes courts ...encore

Poèmes courts ...encore

L’oasis rit quand le désert pleure.

L’ île solaire bruisse de chaleur

La solitude est la charpente de la méditation.

Du haut de la montagne
J’ai la vue à perte de vie.

Sous les froids hivers,
Les fleurs d’une vie rêvent
Aux printemps des ans qui passent.

Le printemps est une mercerie
Qui ne vend
Que des boutons de fleurs.

Les fleurs de l ’été
Sont autant de baisers
Posés sur les lèvres du printemps.

L’automne apprend à voler
Aux feuilles de l’année
Pour qu’elles meurent doucement.

La neige qui tombe
Cache sous sa robe de vertu
La honte des hommes.

Le chat qui sommeille
Ne dort que d’une patte
Et d’un seul clin d’œil.

Patrick LAURAIN

jeudi 25 juin 2009

Mes Merles

Mes Merles

C’est avec grand plaisir que j’ai vu ce matin,
Deux merles se baigner dans ma petite mare,
Ils se sont présentés sans aucune fanfare,
Et font, en se baignant, un sacré baratin.

Ils ont leur petit nid dans un arbre voisin,
Ils voltigent joyeux, fixant leur territoire,
Avec un plan précis, marquant leur trajectoire
D’un côté et de l’autre à travers mon jardin.

J’aime ce merle noir avec sa belle brune,
Qui viennent, très souvent, visiter ma lagune
Pour enchanter mon cœur avec leur sifflements.

Déjà beaucoup d’oiseaux suivent les hirondelles,
Pour remplir le printemps de leurs gazouillements,
Je sens mon cœur danser aux sons des tarentelles.

Christian CALLY

mercredi 24 juin 2009

Mon amour

Mon amour...

Nous voilà face à face
Pour la dernière fois.
Entends-tu les sabots ?
C'est l'armée du Roi...

Mais un jour mon amour
Nous serons libres
Nous seront ivres
Pour la première fois

Fermons nos yeux
Puisqu'on est condamné
A la lueur du feux
Comme un soleil ensorcelé

Comme une étoile indestructible
Ho mon amour, on sera libre!
Et on ira vivre, l'indescriptible
Si tu viens avec moi, on sera libre!

Rien ne sert de courir
Je te rattraperai...
Même en haut de ton empire
Je viendrai te chercher!

Viens voir dans le désert
Le mirage s'animer.
Vient voir dans le cimetière
Notre amour se terminer.

A chacun de tes pas
Je serai avec toi !
Dans chacun de tes draps
Moi je serai hors la loi...

Avons nous donc commis une action étrange ?
La flèche ultime traversant l'éternel
Mon amour, nous sommes des anges...

Mon cœur, sempiternel, cicatriciel
Il est temps de s'éteindre, il temps de s'étreindre
De notre amour, trop peu artificiel.

Chris BLAVIER

mardi 23 juin 2009

Il te reste un écrit

Il te reste un écrit

Il te reste un écrit, non pas juste une page
Mais un peu de mon être enfoui au creux de toi ;
Ne va pas le froisser, qu'il te donne courage
Pour décider demain et renforcer ta foi.

Tu sais, j'aurais voulu pouvoir te dire : "Reste",
Un peu une supplique et savoir te garder,
Te retenir d'un mot ou simplement du geste,
Mais il te faut partir, je devrai patienter.

Et j'aime avoir trouvé autour de nous des signes
Pour oser de mes vers trouver dans le hasard
Ce qui peut nous unir, tracé en quelques lignes ;
Alors reviens moi vite, il est déjà très tard.

J'ai tracé cet écrit au pied de ta demeure,
Il me fallait garder un peu de ton parfum,
Nous nous sommes quittés au tic et tac de l'heure
Mais signé un "à suivre" au bas du parchemin.

À S.

lundi 22 juin 2009

Nature Morte

Nature morte

La vie la nuit ma citadine
Décor orange et ton regard
Evanescents masques d’oubli
Volent nos vies contractuelles

Fascination et jeu oblique
Je fuis l’écueil de tes feux vifs
Tâches électriques blanc cicatrice
Résurrection d’anciens traumas

Je marche seul et insolite
Vers les angoisses de ceux qu’on suit
A chaque pas et chaque instant
Se reconstruit l’urbanité

Sous tes regards pensées publiques
Je porte un masque et me transforme
Sur ton modèle je me dessine
Et à ton tour je me redresse

D’un rien je crée ton univers
C’est l’équivoque de l’origine
Interactions imaginaires
Révélateur de nos fantasmes

dimanche 21 juin 2009

L'imbu

L'imbu

Assis seul devant son miroir
Le diable approche à pas feutrés
Et lorsqu'il fera bien noir
Le diable frappera de son épée.

L'imbu de lui-même
Se trouvait si beau dans ses habits
L'imbu de lui-même
Vous le savez, n'aime que lui.

Le miroir reflétait son visage
Il était seul face à son image
C'était ce qu'il avait le plus aimé
Se regarder, se vénérer, se vanter.

L'imbu se meurt seul devant son miroir
Le diable s'en approche à pas feutré
L'imbu voudrait être accompagné
Mais le diable attend le soir.

L'imbu n'avait aucun remord
Il avait causé tant de tort
Mais rien ne changeait sa vie
Tant qu'il était beau dans ses habits.

Le diable s'en approchait
L'imbu se mirait
Le diable salivait
L'imbu l'attendait.

Le diable le laissa mourir seul
Effaçant son image du miroir
L'imbu mourut seul
Dans la terreur de ne plus se voir.

samedi 20 juin 2009

Souricette s'en va aux baléares

Souricette a mal à la tête.
Depuis ce matin elle fait la navette
Pour remplir le garde-manger
De la maisonnée.

Quant à souriceau,
Il s’est parfumé le museau,
Il a mis son beau manteau,
Il a pris aussi son chapeau,
Sans même un au revoir
Il lui a dit à ce soir.

Souricette en a marre
De mener cette vie barbare.
Il vaut mieux qu’ils se séparent.
Pourquoi n’irait-elle pas aux Baléares ?

La nuit venue,
Souriceau est revenu,
Le museau enfariné,
Pensant que sa belle vahiné
L’attendait enamourée.

Souriceau trouva la maison vide.
Pas la moindre bribe
De nourriture.
Souricette était partie.
Et le garde manger était vide.

vendredi 19 juin 2009

L’étranger de Baudelaire

"Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!"